Thursday 28 August 2008

BOOK 2, 'Order Re-established' 6: 'The Other President'

I
This is your consular man, old Parties!
In the serene days, when threats are scarce,
He’s Fierce Dog! Dragon-Man! Mad Hydra!—but he’s
……….Mole when danger flares.

To hide their heads, as there blew through our night these
Storms that smashed cedar and new pine,
They prayed for the cowardliest; lacking Thersites,
……….They selected Dupin.

Whilst your strong arm labours and digs without rest,
They are betraying you, Worker-Sovereign:
These men who rejected President Bobèche
……….For President Mandrin.

II
His sour voice rang like a wide empty bowl;
His jeers mocked the hot-hearted orator;
And now—madness!—they've raised up this low soul
……….Until there’s none greater.

We wait for the day when we'll see vileness fall,
When the sword-weilding soldiers, revitalising,
Seize this august temple, and when, over all,
……….The sun starts rising!

When those laws now overturned and burnt down
And Honour, and Duty, say—on you feet, you there!
Get dressed, hold that thunderbolt, on your curule throne

……….And he's plunged in the sewer.

III
May it never rest! May it never sleep!
May this vile memory be never lost to sight!
May it dissolve, there! May it lose its shape
……….As does the night!

So that when it's looked for in its dark-set hollows,
In that deep cesspit, frightful, mournful, gaping!
And all that creeps, and everything that follows
……….Would mingle with its nothing!

And when history one day no longer tells its tale,
And speaks of it lost in the boundless slough:
No-one knows what that is: some old blackmail
……….Its name long gone now!

IV
Oh! If these souls are received down in Hell ...
If they're not rather chased away by those
Proud poets who, carrying clubs to repel,
……….Guard this sombre threshold.

Surely! The infernal gulf still holds Right
Though Hope abandons the frontage it's gilt on
Speak, you, Patmos’s lugubrious coenobite;
……….You, Dante; you, Milton;

You, old Aeschylus, friend to plaintive Electras
It must know joy, virtue’s furies—Truth must—
To aim insults at the masque of the spectres
……….At Dupin, from Brutus.


L’Autre Président

I
Donc, vieux partis, voilà votre homme consulaire!
Aux jours sereins, quand rien ne nous vient assiéger,
Dogue aboyant, dragon farouche, hydre en colère;
……….Taupe aux jours du danger!

Pour le mettre à leur tête, en nos temps que visite
La tempête, brisant le cèdre et le sapin,
Ils prirent le plus lâche, et, n'ayant pas Thersite,
……….Ils choisirent Dupin.

Tandis que ton bras fort pioche, laboure et bêche,
Ils te trahissaient, peuple, ouvrier souverain;
Ces hommes opposaient le président Bobèche
……….Au président Mandrin.

II
Sa voix aigre sonnait comme une calebasse;
Ses quolibets mordaient l'orateur au coeur chaud -
Ils avaient, insensés, mis l'âme la plus basse
……….Au faîte le plus haut;

Si bien qu'un jour, ce fut un dénouement immonde,
Des soldats, sabre au poing, quittant leur noir chevet
Entrèrent dans ce temple auguste où, pour le monde,
……….L'aurore se levait!

Devant l'autel des lois qu'on renverse et qu'on brûle,
Honneur, devoir, criaient à cet homme: - Debout!
Dresse-toi, foudre en main, sur ta chaise curule! -
……….Il plongea dans l'égout.

III
Qu'il y reste à jamais! qu'à jamais il y dorme!
Que ce vil souvenir soit à jamais détruit!
Qu'il se dissolve là! qu'il y devienne informe,
……….Et pareil à la nuit!

Que, même en l'y cherchant, ou le distingue à peine
Dans ce profond cloaque, affreux, morne, béant!
Et que tout ce qui rampe et tout ce qui se traîne
……….Se mêle à son néant!

Et que l'histoire un jour ne s'en rende plus compte,
Et dise en le voyant dans la fange étendu:
- On ne sait ce que c'est. C'est quelque vieille honte
……….Dont le nom s'est perdu! -

IV
Oh ! si ces âmes-là par l'enfer sont reçues,
S'il ne les chasse pas dans son amer orgueil,
Poëtes qui, portant dans vos mains des massues,
……….Gardez ce sombre seuil,

N'est-ce pas? dans ce gouffre où la justice habite,
Dont l'espérance fuit le flamboyant fronton,
Dites, toi, de Pathmos lugubre cénobite,
……….Toi Dante, toi Milton,

Toi, vieil Eschyle, ami des plaintives Electres,
Ce doit être une joie, ô vengeurs des vertus,
De faire souffleter les masques par les spectres,
……….Et Dupin par Brutus!



Bruxelles. Décembre 1851.

Thursday 7 August 2008

BOOK 2, 'Order Re-established' 5

Because the Just have been thrown down
Because Crime snatched sceptre and crown
Because all rights have been betrayed
Because the fiercest now make moan
Because on every boundary stone
My land’s dishonour is displayed;

Republic of our fathers’ right,
Pantheon filled with noble light,
Gold dome in the free blue sky
Temple of immortal shadows
Because these men ascended ladders
To paste-up Empire on your side

Because the soul is fallible,
Because we grovel, can’t recall
Truth, Cleanness, Grandeur, Beauty’s bloom,
The indignant eyes of History,
Law, Honour, Righteousness, Glory,
And all of those now in the tomb;

I love exile! Sorrow, je t’aime!
Sadness, be my diadem!
I love you, haughty poverty!
I love this door the wind blows through.
I love Bereavement’s grave statue
Who’s come here to sit next to me.

I love that Evil works me over;
Because in shadow I recover
Things that make my spirit smile:
Dignity, Faith, Truth, though flown
You, proud Freedom, exiled-one,
And you, Devotion, though reviled.

I love this solitary island
Jersey, that freedom-loving England
Covers with her ancient flag,
Dark waters that by moments grow
The ship at sea, a wandering plough
Whose ocean-furrows turn and drag.

O deep-set sea, I love your gulls!
They shake your waves in glittering pearls
With their wide wild-coloured wings!
They plunge into the giant breakers
Shoot out from the curling gapers
As a soul flees sufferings.

I love this rock’s solemnity
Where I can hear eternity,
It's unrelenting, as remorse is;
Born again where shadows span,
Waves break on the sombre land,
Mothers on their children’s corpses.

V

Puisque le juste est dans l'abîme,
Puisqu'on donne le sceptre au crime,
Puisque tous les droits sont trahis,
Puisque les plus fiers restent mornes,
Puisqu'on affiche au coin des bornes
Le déshonneur de mon pays ;

Ô République de nos pères,
Grand Panthéon plein de lumières,
Dôme d'or dans le libre azur,
Temple des ombres immortelles,
Puisqu'on vient avec des échelles
Coller l'empire sur ton mur -

Puisque toute âme est affaiblie,
Puisqu'on rampe, puisqu'on oublie
Le vrai, le pur, le grand, le beau,
Les yeux indignés de l'histoire,
L'honneur, la loi, le droit, la gloire,
Et ceux qui sont dans le tombeau ;

Je t'aime, exil! douleur, je t'aime!
Tristesse, sois mon diadème!
Je t'aime, altière pauvreté!
J'aime ma porte aux vents battue.
J'aime le deuil, grave statue
Qui vient s'asseoir à mon côté.

J'aime le malheur qui m'éprouve,
Et cette ombre où je vous retrouve,
Ô vous à qui mon coeur sourit,
Dignité, foi, vertu voilée,
Toi, liberté, fière exilée,
Et toi, dévouement, grand proscrit!

J'aime cette île solitaire,
Jersey, que la libre Angleterre
Couvre de son vieux pavillon,
L'eau noire, par moments accrue,
Le navire, errante charrue,
Le flot, mystérieux sillon.

J'aime ta mouette, Ô mer profonde,
Qui secoue en perles ton onde
Sur son aile aux fauves couleurs,
Plonge dans les lames géantes,
Et sort de ces gueules béantes
Comme l'âme sort des douleurs.

J'aime la roche solennelle
D'où j'entends la plainte éternelle,
Sans trêve comme le remords,
Toujours renaissant dans les ombres,
Des vagues sur les écueils sombres,
Des mères sur leurs enfants morts.


Jersey décembre. 1852