Your hearts, before, knew troubles I suppose,
.....Chasing petty joys;
Error-plagued, or hateful, or envious-hearted;
Your mouths, from which the breath has now departed,
.....Once full of noise.
Your faces in confusion each appearing,
Crowds on hectic streets, to-fro careering,
.....Always flowing,
Unquiet like a fountain’s constant gushing,
Wandering, each, all sharing the same suffering,
.....Coming, going.
Perhaps a flame burned in your skull's round chalice:
Projects, hopes, to smash the Elysée palace
.....Make the Vatican break,
Free spirits pouring on the earth flood greater
Since, in this ardent age, each soul's a crater
.....All people volcanic.
You loved, your hearts were wreathed around with chains
Each evening's fall stirred-up vain fears and pains
.....Sad sorrows rise
Like the wide ocean churning up its surges,
Rousing in you a thousand deep-sunk urges
.....Under shining skies.
Everything that lit your fuse, fierce spirit, sage
If youth shone in your eyes or if old age
.....Had bent backs double,
Destiny, a grief or happiness unguessed:
To keep love in your hearts, that wild tempest,
.....Sadness, that struggle.
Thought? December Fourth has left you purged of it
Beneath a makeshift shroud, wedged in a frozen pit,
.....O you, deceased!
The noiseless grass grows on your catacombs,
Sleep in your coffins! Settle in your tombs!
.....The empire, it is peace.
4 - AUX MORTS DU 4 DECEMBRE
Jouissez du repos que vous donne le maître.
Vous étiez autrefois des cœurs troublés peut-être,
.....Qu'un vain songe poursuit;
L'erreur vous tourmentait, ou la haine, ou l'envie;
Vos bouches, d'où sortait la vapeur de la vie,
.....Etaient pleines de bruit.
Faces confusément l'une à l'autre apparues,
Vous alliez et veniez en foule dans les rues,
.....Ne vous arrêtant pas,
Inquiets comme l'eau qui coule des fontaines,
Tous, marchant au hasard, souffrant les mêmes peines,
.....Mêlant les mêmes pas.
Peut-être un feu creusait votre tête embrasée:
Projets, espoirs, briser l'homme de l'Elysée,
.....L'homme du Vatican,
Verser le libre esprit à grands flots sur la terre;
Car dans ce siècle ardent toute âme est un cratère
.....Et tout peuple un volcan.
Vous aimiez, vous aviez le cœur lié de chaînes,
Et le soir vous sentiez, livrés aux craintes vaines,
.....Pleins de soucis poignants,
Ainsi que l'Océan sent remuer ses ondes,
Se soulever en vous mille vagues profondes
.....Sous les cieux rayonnants.
Tous, qui que vous fussiez, tête ardente, esprit sage,
Soit qu'en vos yeux brillât la jeunesse, ou que l'âge
.....Vous prit et vous courbât,
Que le destin pour vous fût deuil, énigme ou fête,
Vous aviez dans vos cœurs l'amour, cette tempête,
.....La douleur, ce combat.
Grâce au quatre décembre, aujourd'hui, sans pensée,
Vous gisez étendus dans la fosse glacée
.....Sous les linceuls épais;
Ô morts, l'herbe sans bruit croît sur vos catacombes,
Dormez dans vos cercueils! Taisez-vous dans vos tombes!
.....L'empire, c'est la paix.
Jersey. Décembre 1852