Monday, 5 July 2010

Book 4, ‘Religion Glorified’, IX

The alive are those who are fighting; are those
In whose heart and face true commitment glows,
Those whose great destiny helps climb the peak
Those who sublimely and thoughtfully seek,
Seeing unceasing by night and day
Either great toil or great love in their way.
The prophet, bent low, holy, under the arch
The worker, the shepherd, craftsman, patriarch.
All the good hearted, days filled to the brim,
These live, Lord! The others? I’m sorry for them.
Because they are drunk on the void of their boredom
Because mere existence, not life, is their burden
Useless and scattered, dragging and sinking
The huge sombre pressure of being without thinking.
Their name is Vulgus, the Plebs, Dirt, the Crowd.
They murmur, applaud and run, whistle aloud,
Clap, bang their feet, yawn, yes-and-no all's the same
They are faceless always; they are never named;
A herd, coming-going, judge, let-off, mock-serious
Broken—as ready for Marat as Tiberius
Now sad—now happy—clothes gilded, arms bare
Pell-mell—and all pushed into unmarked graves there.
They’re the cold passers-by, no goal, age or thrust
The lowest of humankind, crumbling to dust
Those we don’t know—how many? We can’t say,
They've lost all speech, and will, losing their way,
Dark shadows lengthen around them and blight
Theirs is no noon but a lengthening twilight
Because, with their random shouts, outcries, disorder
They wander too close to Night’s sinister border.

What’s not to like! Working the dull career grind
With no dream to follow, no bereavement behind,
What? to march on unsure when it is over!
To laugh with Jupiter not believing in Jehovah!
To regard with contempt a star, flower or girl!
Desiring the body, never searching for soul!
Vain efforts towards vainer goals up ahead
Blanking what’s over you! Lord, forgetting the dead!
Oh no, I’m not these! Men of stature, expense
Fierce, powerful, hidden in their shameful dens
I flee them, and fear their detestable ways
And I would rather, o you ants of the cities
You dirt, mob, dead hearts, race dethroned, you wrong,
Be a tree in a forest than a soul in your throng!


IX

Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent; ce sont
Ceux dont un dessein ferme emplit l'âme et le front,
Ceux qui d'un haut destin gravissent l'âpre cime,
Ceux qui marchent pensifs, épris d'un but sublime,
Ayant devant les yeux sans cesse, nuit et jour,
Ou quelque saint labeur ou quelque grand amour.
C'est le prophète saint prosterné devant l'arche,
C'est le travailleur, pâtre, ouvrier, patriarche;
Ceux dont le cœur est bon, ceux dont les jours sont pleins
Ceux-là vivent, Seigneur ! les autres, je les plains.
Car de son vague ennui le néant les enivre,
Car le plus lourd fardeau, c'est d'exister sans vivre.
Inutiles, épars, ils traînent ici-bas
Le sombre accablement d'être en ne pensant pas.
Ils s'appellent vulgus, plebs, la tourbe, la foule.
Ils sont ce qui murmure, applaudit, siffle, coule,
Bat des mains, foule aux pieds, bâille, dit oui, dit non,
N'a jamais de figure et n'a jamais de nom;
Troupeau qui va, revient, juge, absout, délibère,
Détruit, prêt à Marat comme prêt à Tibère,
Foule triste, joyeuse, habits dorés, bras nus,
Pêle-mêle, et poussée aux gouffres inconnus.
Ils sont les passants froids, sans but, sans nœud, sans âge;
Le bas du genre humain qui s'écroule en nuage;
Ceux qu'on ne connaît pas, ceux qu'on ne compte pas,
Ceux qui perdent les mots, les volontés, les pas.
L'ombre obscure autour d'eux se prolonge et recule ;
Ils n'ont du plein midi qu'un lointain crépuscule,
Car, jetant au hasard les cris, les voix, le bruit,
Ils errent près du bord sinistre de la nuit.

Quoi, ne point aimer ! suivre une morne carrière
Sans un songe en avant, sans un deuil en arrière!
Quoi ! marcher devant soi sans savoir où l'on va!
Rire de Jupiter sans croire à Jéhova!
Regarder sans respect l'astre, la fleur, la femme!
Toujours vouloir le corps, ne jamais chercher l'âme!
Pour de vains résultats faire de vains efforts !
N'attendre rien d'en haut! ciel! oublier les morts!
Oh non, je ne suis point de ceux-là! grands, prospères,
Fiers, puissants, ou cachés dans d'immondes repaires,
Je les fuis, et je crains leurs sentiers détestés;
Et j'aimerais mieux être, ô fourmis des cités,
Tourbe, foule, hommes faux, cœurs morts, races déchues
Un arbre dans les bois qu'une âme en vos cohues!

Paris. 31 décembre l848

No comments: