Monday, 10 September 2007

Chastisements, NOX 5

Where?—they’re in quays, courtyards; some under bridges;
In sewers that Maupas' men opened up—frigid
In communal grave-pits, all horribly swollen,
On pavements, in doorways, in boulevards, fallen
And piled en masse. In those same covered wagons
The soldiers escort every evening—each sagging
With the sheer weight of their Champ-de-Mars cargo
Whilst all Paris gossips and murmurs la-la low.
O, you ‘mount of martyrs’!—your name is spot-on:
The murdered, those crushed and those many shot-down,
In this field of tomb-mysteries, ancient, devout,
They're buried upright with their heads sticking out!
He ordered that they be interred in those places;
He wasn't afraid of their dead frozen faces.
There they are: bloody; cold; their jaws all at half-mast,
Faces gaping at sky, pale against the green grass,
Heart-wrenching to see how their deaths have them matched,
Disembowelled, slashed and cut, and their faces all scratched
By brambles that thrash in the evening’s harsh breezes:
The man from the suburbs who never retreated;
The poor guy with strong hands, the toff who was mild,
The mother who seems to show off her dead child,
The grey-haired, the blonde, amongst piles of bones,
The beauty whose lips are now violet-toned;
Each by each in the yew-shade laid out—horrid, awful,
Livid, amazed, without motion, yet thoughtful,
Witnesses to the same crimes, the same blights,
With their set, empty eyes they stare out at the night.
At dawn, a man came and searched through them alone
Looking there for a loved-one who hadn't come home;
As others stood pondering these grim human leavings;
That night, with December shortening the evenings,
Modesty covered them all with its shroud.
By evening, the park-keeper, alone in that crowd,
Hastened his steps amongst sepulchral stones,
Trembling to see how the pale dead were thrown;
Whilst somebody wept in those unceilinged spaces,
The rough north wind blew on these uncoffined faces,
Cold shadow filled up the funereal fastness.
O you dead, what will you say to God in such darkness?

It's already been said; just seeing how they're scattered
Their necks above ground, all their faces tipped backward
In Montmartre’s graveyard where cypresses tremble,
When the Last Trump itself called the dead to assemble
These murdered ones all opened wide both their eyes
And saw you there, Bonaparte, edging the sky,
And arraigned before Heaven your black guilty soul
All leaving their grave-pits to testify so.

Montmartre! enclosure of death! When dusk falls
Today passers-by still avoid these grim walls.

V
Où sont-ils ? Sur les quais, dans les cours, sous les ponts;
Dans l'égout, dont Maupas fait lever les tampons,
Dans la fosse commune affreusement accrue,
Sur le trottoir, au coin des portes, dans la rue,
Pêle-mêle entassés, partout; dans les fourgons
Que vers la nuit tombante escortent les dragons,
Convoi hideux qui vient du Champ-de-Mars, et passe,
Et dont Paris tremblant s'entretient à voix basse.
Ô vieux mont des martyrs, hélas! garde ton nom!
Les morts sabrés, hachés, broyés par le canon,
Dans ce champ que la tombe emplit de son mystère,
Étaient ensevelis la tête hors de terre.
Cet homme les avait lui-même ainsi placés,
Et n'avait pas eu peur de tous ces fronts glacés.
Ils étaient là, sanglants, froids, la bouche entrouverte,
La face vers le ciel, blêmes dans l'herbe verte,
Effroyables à voir dans leur tranquillité,
Eventrés, balafrés, le visage fouetté
Par la ronce qui tremble au vent du crépuscule,
Tous, l'homme du faubourg qui jamais ne recule.
Le riche à la main blanche et le pauvre au bras fort,
La mère qui semblait montrer son enfant mort,
Cheveux blancs, tête blonde, au milieu des squelettes,
La belle jeune fille aux lèvres violettes,
Côte à côte rangés dans l'ombre au pied des ifs,
Livides, stupéfaits, immobiles, pensifs,
Spectres du même crime et des mêmes désastres,
De leur œil fixe et vide ils regardaient les astres.
Dès l'aube, on s'en venait chercher dans ce gazon
L'absent qui n'était pas rentré dans la maison;
Le peuple contemplait ces têtes effarées;
La nuit, qui de décembre abrège les soirées,
Pudique, les couvrait du moins de son linceul.
Le soir, le vieux gardien des tombes, resté seul,
Hâtait le pas parmi les pierres sépulcrales,
Frémissant d'entrevoir toutes ces faces pâles;
Et, tandis qu'on pleurait dans les maisons en deuil,
L'âpre bise soufflait sur ces fronts sans cercueil,
L'ombre froide emplissait l'enclos aux murs funèbres
Ô morts, que disiez-vous à Dieu dans ces ténèbres?

On eût dit en voyant ces morts mystérieux
Le cou hors de la terre et le regard aux cieux,
Que dans le cimetière où le cyprès frissonne,
Entendant le clairon du jugement qui sonne,
Tous ces assassinés s'éveillaient brusquement,
Qu'ils voyaient, Bonaparte, au seuil du firmament,
Amener devant Dieu ton âme horrible et fausse,
Et que, pour témoigner, ils sortaient de leur fosse.

Montmartre! enclos fatal! quand vient le soir obscure
Aujourd'hui le passant évite encore ce mur.

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