Tuesday, 15 July 2008

BOOK 2, 'Order Re-established' 3: Memory of the Night of the 4th

The infant had taken two shots to the head.
The lodgings were humble; clean; peaceful; not bad.
A lucky-charm branch was pinned over a picture;
Old granny was there, weeping like a cracked pitcher.
We undressed him in silence. His little pale mouth
Hung down wide. Death had washed his two eyes white-out;
His arms seemed to beg us to help hold them up.
We found, in his pocket, an old wooden top.

You could stick your whole thumb in the hole in his head.

Have you ever seen mulberries squirting, like blood?
Well, his skull was fair cracked, like a wood-block split wide.
The old girl was watching us undress her child,
Then said: pale! He’s pale—Bring him here—by the light—
God, his hair’s stuck in curls to his scalp, the poor mite

We were finished; she pulled him up onto her lap.
The night was—lugubrious. Outside, the snip! snap!
Of rifle fire … guys in the street shooting others.
Cover that kid with a shroud someone muttered,
We found a white sheet in a walnut armoire
Whilst the granny was snuggling him close to the fire
As if to warm up his cold limbs—but of course
Once Death puts his freezing cold hands on your corpse
There’s no fire can heat you again, no point looking.
She dipped her head down and she pulled off his stockings,
Her withered old hands started chafeing his feet.
And isn’t this here the most heart-breaking sight?
She burst out, Monsieur! He was seven years old!
His teachers, in school, liked him plenty, all told,
Monsieur—if I needed a letter,
he wrote it!
He wrote it out lovely. And so they go to it?
Killing our children? Oh may God protect us!
They’re nothing but bandits! I’ll ask you a question:
He played there, just under that window this morning
Tell me by what right have they done my poor boy in?
He was there—and they shot him—and that’s how they leave us.
Monsieur he was good! Like a sweet little Jesus.
I am old—how I wish I had died—blown apart—
It would be just the same to this man Bonaparte
He could kill
me as easy as killing my son—
She stopped speaking here, though her sobs carried on,
Then she added (our weeping accompanied her moan):
And what shall I do in this place all alone?
Can you tell me that, please?—oh my heart’s caving in!
See, I’ve nothing else left of his mother but him!
Tell me why did they kill him?— it hurts me to speak—
This child never shouted “Vive La Republique”—

We were silent. Stood up, with our hats in our hands.
Trembled. Could not console her. Such grief never ends.

Ma, you don’t understand the political game.
Monsieur Bonaparte (that’s his authentical name!)
Is poor, though a prince. Oh, he loves all his palaces.
Needs to have horses, and likewise his valets; his
Gambling purse, food, fine beds tucked away, a
Few hunting trips—and what’s more he’s the Saviour
Of Family, Church, of the whole of Society!
Give him Saint-Cloud filled with roses piled high (pretty!)—
Where they can to bow to him—Lords, Mayors,—
That’s why it’s needful our aged grandmères
Must use their grey hands, although shaking with cold,
To sew up the shrouds of our seven-year olds.


Souvenir de la nuit du 4

L'enfant avait reçu deux balles dans la tête.
Le logis était propre, humble, paisible, honnête;
On voyait un rameau bénit sur un portrait.
Une vieille grand'mère était là qui pleurait.
Nous le déshabillions en silence. Sa bouche,
Pâle, s'ouvrait; la mort noyait son oeil farouche;
Ses bras pendants semblaient demander des appuis.
Il avait dans sa poche une toupie en buis.
On pouvait mettre un doigt dans les trous de ses plaies.
Avez-vous vu saigner la mûre dans les haies?
Son crâne était ouvert comme un bois qui se fend.
L'aïeule regarda déshabiller l'enfant,
Disant : -Comme il est blanc! approchez donc la lampe.
Dieu! ses pauvres cheveux sont collés sur sa tempe!
Et quand ce fut fini, le prit sur ses genoux.
La nuit était lugubre; on entendait des coups
De fusil dans la rue où l'on en tuait d'autres.
- Il faut ensevelir l'enfant, dirent les nôtres.
Et l'on prit un drap blanc dans l'armoire en noyer.
L'aïeule cependant l'approchait du foyer
Comme pour réchauffer ses membres déjà roides.
Hélas ! ce que la mort touche de ses mains froides
Ne se réchauffe plus aux foyers d'ici-bas!
Elle pencha la tête et lui tira ses bas,
Et dans ses vieilles mains prit les pieds du cadavre.
- Est-ce que ce n'est pas une chose qui navre!
Cria-t-elle; monsieur, il n'avait pas huit ans!
Ses maîtres, il allait en classe, étaient contents.
Monsieur, quand il fallait que je fisse une lettre,
C'est lui qui l'écrivait. Est-ce qu'on va se mettre
A tuer les enfants maintenant? Ah! mon Dieu!
On est donc des brigands! Je vous demande un peu,
Il jouait ce matin, là, devant la fenêtre!
Dire qu'ils m'ont tué ce pauvre petit être
Il passait dans la rue, ils ont tiré dessus.
Monsieur, il était bon et doux comme un Jésus.
Moi je suis vieille, il est tout simple que je parte
Cela n'aurait rien fait à monsieur Bonaparte
De me tuer au lieu de tuer mon enfant! -
Elle s'interrompit, les sanglots l'étouffant,
Puis elle dit, et tous pleuraient près de l'aïeule .
- Que vais-je devenir à présent toute seule?
Expliquez-moi cela, vous autres, aujourd'hui.
Hélas! je n'avais plus de sa mère que lui.
Pourquoi l'a-t-on tué? je veux qu'on me l'explique.
L'enfant n'a pas crié vive la République. -
Nous nous taisions, debout et graves, chapeau bas,
Tremblant devant ce deuil qu'on ne console pas.

Vous ne compreniez point, mère, la politique.
Monsieur Napoléon, c'est son nom authentique,
Est pauvre, et même prince; il aime les palais;
Il lui convient d'avoir des chevaux, des valets,
De l'argent pour son jeu, sa table, son alcôve,
Ses chasses; par la même occasion, il sauve
La famille, l'église et la société;
Il veut avoir Saint-Cloud, plein de roses l'été,
Où viendront l'adorer les préfets et les maires
C'est pour cela qu'il faut que les vieilles grand'mères,
De leurs pauvres doigts gris que fait trembler le temps
Cousent dans le linceul des enfants de sept ans.


Jersey 2 décembre 1852

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