Wednesday, 2 July 2008

BOOK I, 'Society Saved' 12: Map of Europe

The swords are all out, unsheathed in the provinces.
Fooled by the altar. And those who are called princes
Swear with straight faces, not batting their eyes
Swear false oaths that will—because they're detestable
Frightful and monstrous—because they distress the soul—
Will rouse the thunder that sleeps in the skies.

Soldiers have been whipping women in plain view.
Virtue and liberty? Vanished! Disparu!
In exile! Inside stifling prison-ship hulls!
O nations, bring forth your most beautiful sons:
Who trains cannonballs upon such wicked ones?
Old Haynau packed his cannon withchildren's skulls.

Russians! you’re moving on, trembling and pining,
You Petersburg serfs, you convicts salt-mining.
Your master employs the north pole as a prison;
Russia, Siberia, Czar! Tyrant! Vampire!
You’ve cut into two your funereal empire;
One half’s called Despair and the other, Oppression.

The Ancona suppliants fill up the walls
The Mastaï Pope rakes his flock with musketballs;
Lifts the host high as he orders ‘aim, fire!’
The first death is Simoncelli’s … then the others
Troops, tribunes, apostles; they follow, none stutters.
Tell God what His priest has done, now you've died there.

Saint Peter—your sleeve slips down over your hand, loose.
Saint Peter, I see some blood on your white sandles!
L. Borgia laughs at you, that old papal poisoner.
How many are dead? Yet to die? Who can know?
Who is it that leads your flock into the shadow?
It isn't the shepherd, O Lord: it's the butcher.

Italy! Germany! Sicily! Hungary!
Europe, a grandma in tears, thin with misery!
Your best sons slaughtered, sad honour has fled.
The north is a boneyard, the south choked with heat.
Each night the moon rises in a winding sheet
The sun sets each evening in a bath of blood.

On vanquished French backs a divine office weighs
A brigand cuts throats, whilst I try to assuage.
Paris washing knee-deep in a bloody flow;
Garotted France helps at her own hecatomb.
By tears and by yells of those roused in the tomb
Good, says Laubardemont;—Torquemada says—Go!

Batthyani, Sandor, Poerio, each victim!
For people and law we tried vainly to fight them
Waving his torn sash Baudin falls to his doom.
So weep in the forests, and weep in the mountains!
Where God made his Edens the kings have put prisons.
Made Venice a galley-slave, Naples a tomb.

The gibbet in Arad! Palermo is gibbeted!
They hanged the heroes whose arms were prohibited;
Men who scared kings by raising their banner high.
So while their emperor Schinderhannes is crowned,
Your heads hang slack as the rain comes hard down
And crows’ rummage their beaks in your bloody eye.

Future! The future! See how all collapses!
The pale kings have fled, the ocean in-rushes!
O People! The clarion sounds through the sky
How frightful and sombre! The armies all clash
Through the tempest of flames in a great cloud of ash,
Terror rises—it’s time to go, says the All High.


Carte d’Europe

Des sabres sont partout posés sur les provinces.
L'autel ment. On entend ceux qu'on nomme les prince
Jurer, d'un front tranquille et sans baisser les yeux,
De faux serpents qui font, tant ils navrent les âmes,
Tant ils sont monstrueux, effroyables, infâmes,
Remuer le tonnerre endormi dans les cieux.

Les soldats ont fouetté des femmes dans les rues.
Où sont la liberté, la vertu? disparues!
Dans l'exil! dans l'horreur des pontons étouffants!
Ô nations! où sont vos âmes les plus belles?
Le boulet, c'est trop peu contre de tels rebelles
Haynau dans les canons met des têtes d'enfants.

Peuple russe, tremblant et morne, tu chemines,
Serf à Saint-Pétersbourg, ou forçat dans les mines.
Le pôle est pour ton maître un cachot vaste et noir;
Russie et Sibérie, ô czar! tyran! vampire!
Ce sont les deux moitiés de ton funèbre empire;
L'une est l'oppression, l'autre est le Désespoir.

Les supplices d'Ancône emplissent les murailles.
Le pape Mastaï fusille ses ouailles;
Il pose là l'hostie et commande le feu.
Simoncelli périt le premier; tous les autres
Le suivent sans pâlir, tribuns, soldats, apôtres;
Ils meurent, et s'en vont parler du prêtre à Dieu.

Saint-Père, sur tes mains laisse tomber tes manches!
Saint-Père, on voit du sang à tes sandales blanches!
Borgia te sourit, le pape empoisonneur.
Combien sont morts? combien mourront? qui sait le nombre?
Ce qui mène aujourd'hui votre troupeau dans l'ombre,
Ce n'est pas le berger, c'est le boucher, Seigneur!

Italie! Allemagne! ô Sicile! ô Hongrie!
Europe, aïeule en pleurs, de misère amaigrie,
Vos meilleurs fils sont morts; l'honneur sombre est absent.
Au midi l'échafaud, au nord un ossuaire.
La lune chaque nuit se lève en un suaire,
Le soleil chaque soir se couche dans du sang.

Sur les français vaincus un saint-office pèse.
Un brigand les égorge, et dit: je les apaise.
Paris lave à genoux le sang qui l'inonda;
La France garrottée assiste à l'hécatombe.
Par les pleurs, par les cris, réveillés dans la tombe,
—Bien! dit Laubardemont; —Va! dit Torquemada.

Batthyani, Sandor, Poërio, victimes!
Pour le peuple et le droit en vain nous combattîmes.
Baudin tombe, agitant son écharpe en lambeau.
Pleurez dans les forêts, pleurez sur les montagnes!
Où Dieu mit des édens les rois mettent des bagnes
Venise est une chiourme et Naple est un tombeau.

Le gibet sur Arad! le gibet sur Palerme!
La corde à ces héros qui levaient d'un bras ferme
Leur drapeau libre et fier devant les rois tremblants!
Tandis qu'on va sacrer l'empereur Schinderhannes,
Martyrs, la pluie à flots ruisselle sur vos crânes,
Et le bec des corbeaux fouillé vos yeux sanglants.

Avenir! avenir! voici que tout s'écroule!
Les pâles rois ont fui, la mer vient, le flot roule,
Peuples! le clairon sonne aux quatre coins du ciel;
Quelle fuite effrayante et sombre! les armées
S'en vont dans la tempête en cendres enflammées,
L'épouvante se lève. —Allons, dit l'Eternel!

Jersey, 5 novembre 1852

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