Saturday 29 September 2007

Chastisements, NOX 7

You whose faithful flow beats on
The island to which I have flown,
Defeated, not despondent.
Gulf whose winds tease drowning barks
Why do you talk to me in the dark?
O sombre sea, what do you want?

Nothing there! Gnaw your sea-walls,
Swell the wave that lavishly falls,
Leave me to suffer and dream;
All waters, fresh and maritime,
Alas! could flood upon this crime,
Vast sea, and never wash it clean!

I know you hope to win me over;
You say:—Calm yourself, my brother,
Calm yourself, tempestuous heart
!—
But you too, O deepest sea,
Must calm your tide’s strong symphony,
Never muddy, always tart!

You comprehend your supreme power,
You who are loved, whom all admire,
You and Fate, so similar,
You who add your blue to the skies,
You whose sacred wavefronts rise
To wash the morning star!

You say:—accept! forget the past!
You'd show me folded, broken masts,
Collapsing bows, green-tinted blocks,
And foam spread wide amongst debris,
Crashing on the dark rocks, free
Like birds in huge white flocks;

The singing fisherwoman's bare feet,
Blue waters, where the slant boats fleet,
The seaman, that rough labourer,
The tall waves in their mad alarm,
You show me your huge grace and charm
And mixed with it, huge horror;

You say:—give up your heart up to me;
Outlaw, quench your flame in sea,
Walker, hurl your baton deep;
Turn your ungrateful eyes
my way
You say:—I calmed Socrates where he lay!
You say:—I lulled Cato's sleep!

No! Respect that thought, that bitterness
The angered heart of righteousness,
The soul that dreams black infamy!
Talk to old rocks, your conquests,
And leave me to my own tempests!
For I hate you, dark sea!

O Sea!—servant!—if not you, then who
Dragged across the shifting blue
Amongst winds and shoals
Towards Cayenne’s deepest caves,
Those prison-ships upon your waves
Like huge coffins afloat!

It's you that takes them to their doom
The very door of their open tomb:
Our calm-faced martyrs, on those boats
In ships' holds that lack even straw,
Where cannons aim brass gaping maws
Grapeshot-loaded, at their throats!

And if they weep aloud, whilst tortures
Flay their heroic high natures,
It’s your execrable lullaby
That blends noise with their misery
And, with your dumb complicity,
Muffles their desperate cry!

VII
Toi qui bats de ton flux fidèle
La roche où j'ai ployé mon aile,
Vaincu, mais non pas abattu
Gouffre où l'air joue, où l'esquif sombre,
Pourquoi me parles-tu dans l'ombre?
Ô sombre mer, que me veux-tu?

Tu n'y peux rien! Ronge tes digues,
Epands l'onde que tu prodigues,
Laisse-moi souffrir et rêver;

Toutes les eaux de ton abîme,
Hélas! passeraient sur ce crime,
Ô vaste mer, sans le laver!

Je comprends, tu veux m'en distraire;
Tu me dis:—Calme-toi, mon frère,
Calme-toi, penseur orageux!
Mais toi-même alors, mer profonde,
Calme ton flot puissant qui gronde,
Toujours amer, jamais fangeux!

Tu crois en ton pouvoir suprême,

Toi qu'on admire, toi qu'on aime,
Toi qui ressembles au destin,
Toi que les cieux ont azurée,
Toi qui, dans ton onde sacrée,
Laves l'étoile du matin!

Tu me dis: —Viens, contemple, oublie!
Tu me montres le mât qui plie,
Les blocs verdis, les caps croulants,
L'écume au loin, dans les décombres,
S'abattant sur les rochers sombres
Comme une troupe d'oiseaux blancs;

La pêcheuse aux pieds nus qui chante,
L'eau bleue où fuit la nef penchante,
Le marin, rude laboureur,
Les hautes vagues en démence;
Tu me montres ta grâce immense
Mêlée à ton immense horreur;

Tu me dis:—Donne-moi ton âme;
Proscrit, éteins en moi ta flamme,
Marcheur, jette aux flots ton bâton;
Tourne vers moi ta vue ingrate. —
Tu me dis: —J'endormais Socrate!—
Tu me dis: —J'ai calmé Caton!

Non!respecte l'âpre pensée,
L'âme du juste courroucée,
L'esprit qui songe aux noirs forfaits!
Parle aux vieux rochers, tes conquêtes,
Et laisse en repos mes tempêtes!
D'ailleurs, mer sombre, je te hais!

Ô mer! n'est-ce pas toi, servante!
Qui traînes sur ton eau mouvante,
Parmi les vents et les écueils,
Vers Cayenne aux fosses profondes,
Ces noirs pontons qui sur tes ondes
Passent comme de grands cercueils!

N'est-ce pas toi qui les emportes

Vers le sépulcre ouvrant ses portes,
Tous nos martyrs au front serein,
Dans la cale où manque la paille,
Où les canons pleins de mitraille,
Béants, passent leur cou d'airain!

Et s'ils pleurent, si les tortures
Font fléchir ces hautes natures,
N'est-ce pas toi, gouffre exécré,
Qui te mêles à leur supplice,
Et qui, de ta rumeur complice,
Couvres leur cri désespéré!

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